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Réforme des retraites : nouvelle règle de calcul des trimestres dès le 3 juin 2025

Une évolution majeure se profile à l’horizon pour des millions de futurs retraités en France. À compter du 3 juin 2025, les modalités de calcul des trimestres de retraite vont connaître une transformation notable. Cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre plus large et souvent débattu de la réforme des retraites, vise à adapter le système aux parcours professionnels contemporains, parfois marqués par des interruptions. Loin d’être une refonte totale, ce changement cible spécifiquement la manière dont certaines périodes d’inactivité, notamment le chômage non indemnisé et les arrêts maladie de longue durée, seront désormais prises en compte pour valider des droits.

Cette annonce, qualifiée de « transformation significative », suscite naturellement de nombreuses interrogations. Pour certains, elle représente une avancée vers plus de justice sociale, reconnaissant des « accidents de parcours » qui pouvaient jusqu’alors lourdement pénaliser le calcul de la pension. Pour d’autres, elle peut engendrer une certaine appréhension face à de nouvelles règles à décrypter. Cet article se propose de faire la lumière sur ce qui va concrètement changer, pourquoi cette réforme est mise en place, quel en sera l’impact potentiel sur votre future retraite, et comment vous pouvez, dès à présent, anticiper ces évolutions.

La réforme du calcul des trimestres expliquée en détail : ce qui change concrètement au 3 juin 2025

Le cœur de cette évolution réside dans une nouvelle approche pour valider des trimestres durant des périodes clés d’inactivité professionnelle. L’objectif affiché est double : simplifier des règles parfois complexes et mieux reconnaître des situations qui, jusqu’à présent, pouvaient laisser des « trous » dans une carrière.

a. Chômage non indemnisé : Une nouvelle prise en compte

La règle qui entrera en vigueur le 3 juin 2025 est la suivante : chaque période de 90 jours de chômage non indemnisé permettra désormais de valider un trimestre de retraite.

Pour bien saisir la portée de ce changement, il convient de rappeler le système antérieur. Avant cette date, la validation de trimestres pour chômage, qu’il soit indemnisé ou non (sous conditions), reposait sur une base de 50 jours pour un trimestre. Concernant plus spécifiquement le chômage non indemnisé, les règles étaient plus restrictives et complexes. Par exemple, la première période de chômage non indemnisé était généralement limitée à un an et demi (soit un maximum de six trimestres) pour les périodes postérieures à 2011. Les périodes ultérieures de chômage non indemnisé n’étaient prises en compte que si elles suivaient immédiatement une période de chômage indemnisé, et ce, dans la limite d’un an – une limite qui pouvait être étendue à cinq ans sous conditions d’âge (au moins 55 ans) et d’une durée de cotisation conséquente (au moins 20 ans).2

La nouvelle règle des 90 jours pour un trimestre apparaît donc comme une simplification notable, s’affranchissant, du moins dans son annonce initiale, des multiples conditions et plafonds temporels qui caractérisaient l’ancien dispositif pour le chômage non indemnisé. Il conviendra toutefois de rester attentif aux décrets d’application qui préciseront les contours exacts de cette mesure, notamment sur d’éventuels plafonds de trimestres cumulables par ce biais sur l’ensemble d’une carrière.

B. Périodes de maladie : une comptabilisation élargie

Un autre volet important de cette réforme concerne la prise en compte des arrêts maladie. À partir du 3 juin 2025, les périodes de maladie de plus de 60 jours consécutifs seront également comptabilisées pour la validation d’un trimestre.

Jusqu’alors, la règle générale stipulait qu’un trimestre était validé pour chaque période de 60 jours d’indemnisation au titre de la maladie ou d’un accident du travail, c’est-à-dire lorsque des indemnités journalières étaient effectivement perçues.5 La nouvelle formulation, qui parle de « périodes de maladie » de plus de 60 jours consécutifs, sans mentionner explicitement la condition d’indemnisation, pourrait suggérer une approche plus inclusive. Cela pourrait potentiellement bénéficier aux personnes traversant des affections de longue durée, notamment après l’épuisement de leurs droits aux indemnités journalières, si la simple constatation médicale d’une maladie continue de plus de 60 jours s’avère suffisante. L’accent mis sur le caractère « consécutif » de ces 60 jours est également un détail important à retenir. Là encore, les textes réglementaires à venir apporteront les clarifications indispensables sur l’application pratique de cette mesure.

Tableau comparatif : calcul des trimestres pour chômage non indemnisé et maladie

Pour visualiser clairement les changements, voici un tableau synthétique :

SituationRègle Avant le 3 Juin 2025 (Simplifié)Nouvelle Règle à partir du 3 Juin 2025
Chômage non indemnisé1 trimestre pour 50 jours. 1ère période (post-2011) limitée à 1,5 an. Périodes suivantes limitées à 1 an (ou 5 ans si +55 ans & 20 ans cotisés) et devant succéder à une période indemnisée. Chaque période de 90 jours de chômage non indemnisé valide 1 trimestre. 
Maladie (longue durée)1 trimestre par 60 jours d’indemnisation (perception d’indemnités journalières). Les périodes de maladie de plus de 60 jours consécutifs permettent de valider 1 trimestre. 

Cette simplification apparente des règles pour le chômage non indemnisé et la potentielle extension de la prise en compte des périodes de maladie constituent les deux piliers de cette évolution spécifique du calcul des trimestres.

Pourquoi cette nouvelle règle?

Retraite, concept technologique.

Plusieurs motivations sous-tendent cette modification des règles de calcul des trimestres. Le gouvernement met en avant une volonté de simplifier le système actuel, souvent perçu comme un dédale de règles et d’exceptions, en particulier pour les périodes d’inactivité. Rendre le calcul des droits plus lisible est un enjeu de transparence et de compréhension pour chaque citoyen.

Au-delà de la simplification, l’objectif est de mieux prendre en compte les carrières « hachées » ou non linéaires. Le marché du travail a profondément évolué, et les parcours professionnels sont de moins en moins rectilignes. Ils sont fréquemment jalonnés de périodes de transition, de recherche d’emploi, parfois non indemnisées, ou d’interruptions dues à des problèmes de santé. Cette réforme entend donc mieux refléter ces « réalités du marché du travail moderne » , reconnaissant que ces interruptions ne sont pas toujours des choix mais souvent des aléas subis. Le témoignage d’un futur retraité, Marc Dupont, 58 ans, illustre bien cette attente : il confie qu’avec l’ancien système, il perdait des trimestres précieux à cause de périodes de chômage, ce qui l’aurait contraint à travailler plus longtemps.

En filigrane, c’est la recherche d’une plus grande équité qui est invoquée. En permettant une meilleure validation de trimestres durant ces périodes difficiles, la réforme vise à offrir une retraite « plus juste » 1 à ceux dont la carrière a été impactée, évitant qu’ils ne soient doublement pénalisés : une fois par l’interruption de revenus, une seconde fois par une pension de retraite amoindrie ou retardée. Cette démarche peut être vue comme une réponse à des critiques sociales latentes concernant la rigidité du système face à des parcours de vie moins standards, qui pouvaient engendrer des inégalités significatives au moment du départ à la retraite.

Présenter cette facette de la réforme sous l’angle de la simplification et de l’équité peut également être une manière de la rendre plus acceptable, dans un contexte où les réformes des retraites sont souvent sources de tensions. En se concentrant sur des aspects perçus comme des améliorations, notamment la meilleure prise en compte des « périodes difficiles des travailleurs », cette mesure spécifique peut espérer un accueil plus favorable.

Quel impact concret sur votre future retraite?

Ces nouvelles règles ne sont pas neutres et peuvent avoir des conséquences directes et positives pour de nombreux futurs retraités.

A. Les avantages potentiels pour les futurs retraités

Le principal avantage est la possibilité de valider davantage de trimestres pour les personnes ayant connu des périodes de chômage non indemnisé prolongées ou des arrêts maladie de longue durée. Concrètement, cela peut se traduire par plusieurs bénéfices :

  • Un départ à la retraite potentiellement plus précoce pour certains, ou du moins à l’âge initialement envisagé, sans être contraint de prolonger son activité pour compenser des trimestres manquants. C’est l’espoir formulé par Marc Dupont, qui entrevoit grâce à cette nouvelle règle une « retraite plus juste et plus précoce ».
  • L’atteinte du taux plein plus facilement, ce qui permet d’éviter ou de réduire significativement la décote, cette minoration appliquée sur le montant de la pension lorsque le nombre de trimestres requis n’est pas atteint.
  • Une meilleure reconnaissance financière des années de carrière, y compris celles marquées par des aléas, se traduisant par une pension potentiellement plus confortable.
  • Pour ceux qui approchent de l’âge de la retraite avec des carrières rendues incomplètes par ces situations spécifiques, cette réforme est décrite comme une « lueur d’espoir pour une retraite méritée et plus sereine ».

Cet effet de « rattrapage » pourrait être particulièrement significatif pour des personnes proches de la retraite, qui, sous l’empire des anciennes règles, voyaient leur horizon de départ s’éloigner. Si la nouvelle règle s’applique, comme il est logique de le penser, à la validation de périodes passées au moment de la liquidation d’une retraite après juin 2025, elle pourrait corriger des situations perçues comme injustes. Au-delà de l’aspect financier, savoir que ces périodes difficiles sont mieux prises en compte peut également avoir un impact psychologique positif, réduisant l’anxiété liée à l’avenir et à la constitution de ses droits à la retraite, notamment pour les travailleurs en situation plus précaire ou ayant une santé fragile.

B. L’Importance de l’anticipation et de l’information

Il est essentiel de comprendre que chaque situation est unique. L’impact réel de ces nouvelles règles dépendra intimement de votre parcours professionnel individuel, de la durée et de la nature de vos périodes d’inactivité.

Face à ces changements, l’anticipation et une information personnalisée deviennent cruciales. Les experts s’accordent sur la nécessité pour les futurs retraités de se renseigner activement sur leur propre cas. Cela passe par une démarche proactive pour évaluer comment ces nouvelles dispositions pourraient affecter leurs droits.

Points d’attention et questions fréquentes : ce que la réforme soulève

Groupe de personnes âgées pour la fête de la retraite Concept de restauration

Comme toute réforme, celle-ci soulève des interrogations et des points de vigilance. Les réactions et questions du public, souvent exprimées en ligne, témoignent des préoccupations concrètes des futurs retraités.

  • Quid des travailleurs indépendants? Une question récurrente concerne l’application de ces nouvelles règles aux non-salariés. Les informations actuellement disponibles se concentrent majoritairement sur le régime général. Les travailleurs indépendants devront donc se rapprocher de leurs caisses de retraite spécifiques (SSI, CIPAV, etc.) pour obtenir des clarifications sur leur situation.
  • Et les périodes de stage? Certains se demandent si ces nouvelles dispositions s’appliqueront aux périodes de stage peu ou pas rémunérées. Il est important de distinguer : la réforme des retraites de 2023 a effectivement introduit des mesures concernant la validation de trimestres pour certains stages. Cependant, la nouvelle règle du 3 juin 2025, axée sur le chômage non indemnisé et la maladie, ne semble pas directement concerner les stages.
  • L’activité à l’étranger est-elle impactée? La question de la prise en compte des périodes d’activité hors de France est également soulevée. Ces nouvelles règles spécifiques au calcul des trimestres pour chômage et maladie en France ne devraient pas modifier les accords internationaux ou les règles de coordination européenne existantes pour les carrières internationales.
  • Simplification réelle ou nouvelle complexité? Malgré l’objectif affiché de simplification, certains craignent que ces nouvelles règles n’ajoutent une couche supplémentaire à un système déjà perçu comme complexe. La perception de la simplification dépendra grandement de la clarté des décrets d’application et de la facilité d’accès à une information personnalisée.
  • La mise à jour des simulateurs de retraite : Une préoccupation majeure est de savoir quand les outils en ligne, tels que les simulateurs de retraite proposés par les caisses, intégreront ces nouvelles règles. Ces outils sont essentiels pour que les assurés puissent obtenir des estimations fiables de leur future pension. La confiance dans l’administration et ses outils d’information est ici un enjeu clé.

Il est aussi important de noter que si cette réforme spécifique apporte des avancées pour la prise en compte du chômage non indemnisé et de la maladie, elle ne prétend pas résoudre toutes les situations particulières. D’autres dispositifs existent, par exemple, pour la prise en compte des trimestres liés à l’éducation des enfants ou pour les carrières longues, qui ne sont pas directement modifiés par cette règle du 3 juin 2025. Ces interrogations diverses soulignent que différentes catégories de travailleurs ont des besoins d’information spécifiques et que la communication doit être adaptée.

Nos conseils pratiques pour préparer votre retraite face à ces changements

Dans ce contexte d’évolution, une démarche proactive est votre meilleur atout. Voici quelques conseils pratiques pour aborder sereinement ces changements :

  1. Consultez votre relevé de carrière annuellement : C’est le document de référence. Il vous permet de vérifier les trimestres déjà validés, d’identifier d’éventuelles erreurs ou des périodes manquantes qui pourraient nécessiter des corrections. Ce conseil est unanimement partagé par les experts.1
  2. Utilisez les simulateurs de retraite mis à jour : Dès que les nouvelles règles y seront intégrées, ces outils deviendront indispensables pour estimer l’impact sur votre âge de départ potentiel et le montant de votre pension. Ils permettent de se projeter et d’ajuster sa stratégie si nécessaire.1
  3. Envisagez un entretien avec un conseiller retraite : Pour une analyse personnalisée et des conseils sur mesure, surtout si votre carrière a été complexe ou si vous avez des doutes, n’hésitez pas à solliciter un rendez-vous avec un conseiller de votre caisse de retraite. Son expertise peut s’avérer précieuse pour naviguer dans le système.1
  4. Documentez vos périodes d’inactivité : Conservez précieusement tous les justificatifs relatifs à vos périodes de chômage (attestations France Travail, notifications d’indemnisation ou de fin d’indemnisation) et à vos arrêts maladie (décomptes d’indemnités journalières, certificats médicaux pour les longues périodes). Ces documents pourraient s’avérer cruciaux pour faire valoir vos droits.
  5. Restez informé : Suivez l’actualité des retraites. Des décrets d’application viendront préciser les modalités de ces nouvelles règles. Les sites officiels des caisses de retraite sont des sources d’information fiables.

Ces démarches témoignent d’une responsabilisation accrue de l’assuré. Dans un système en constante adaptation, il ne suffit plus d’attendre passivement la liquidation de ses droits ; une gestion active de sa carrière et une préparation rigoureuse de sa retraite sont devenues indispensables.

Conclusion : s’adapter pour mieux aborder l’avenir

La réforme du calcul des trimestres qui entrera en vigueur le 3 juin 2025 marque une étape significative dans l’évolution du système de retraite français. En instaurant une nouvelle règle de 90 jours pour la validation d’un trimestre de chômage non indemnisé et en élargissant la prise en compte des périodes de maladie de plus de 60 jours consécutifs, elle cherche à mieux s’adapter aux parcours professionnels contemporains, souvent moins linéaires qu’auparavant.

Ces ajustements, bien que spécifiques, s’inscrivent dans un processus continu d’adaptation du système face aux défis démographiques, économiques et sociaux. Ils ne constituent sans doute pas le point final des évolutions, mais une tentative de répondre à des besoins identifiés d’équité et de simplification.

Pour les futurs retraités, le message clé est celui de l’anticipation et de l’information. En comprenant ces changements, en vérifiant leur situation personnelle et en utilisant les outils et conseils à leur disposition, il est possible de mieux naviguer dans ce paysage en évolution. Se tenir informé et préparer activement sa retraite sont les meilleures garanties pour aborder cette nouvelle étape de la vie avec plus de sérénité et pour optimiser ses droits. Restez donc attentifs aux communications officielles qui ne manqueront pas de préciser les contours de cette réforme dans les mois à venir.